Le plus dur, dans ce 117ème défi des Serial Crocheteuses, ça aura été de prendre la photo !
"En mai, fais ce qu'il te plaît, mais en jaune", nous a demandé Isabelle Kessedjian.
Alors moi, j'ai profité d'un rayon de soleil pour aller regarder mûrir les cerises.
Pour la petite histoire, il me fallait un cerisier, pour planter mes cerises, ça faisait plus vrai. Oui mais voilà, j'habite dans le béton, je bosse entourée de béton, les cerisiers se font
plutôt rares, au milieu de tout ça.
Puis j'ai réussi à en repérer un hier en rentrant du boulot. Enfin, une branche qui dépasse d'une clôture. Sur la pointe des pieds pour l'attraper, je maintiens des feuilles d'une main pendant
que je suspends les cerises puis j'attrape mon appareil photo de l'autre.
Un peu en équilibre, beaucoup de vent, j'ai une bonne photo de ma main.
Allez, je relâche un peu la branche pour ne plus tenir que la pointe des feuilles et je mitraille vite vite.
Vite vite, parce que si la feuille craque, la branche se détend et me catapulte les cerises dans le jardin des gens !
Pas de bol, il y a eu une éclaircie et mon appareil ne gère pas bien la surexposition. Sans compter qu'on ne voit plus grand chose sous les feuilles.
Alors j'ai pensé au cerisier du conseil général à Evry. La veille, je m'étais dégonflée parce que j'avais peur qu'on me regarde mais aujourd'hui, il fallait que j'en termine avec ces photos.
C'était sans compter sur ma nouvelle future meilleure amie. Une dame qui prend souvent le même bus que moi et qui a décidé qu'on allait être copines. Pendant que je me dirigeais vers le jardin où
pousse le cerisier, voilà qu'elle se tourne vers moi, accélère quand j'accélère, ralentit quand je ralentis et ... carrément s'arrête quand je m'arrête !
"vous trouvez ça joli ?" me dit-elle devant le jardin aménagé. Je marmonne parce que je n'ai pas du tout envie de taper la causette, je rappelle que j'avais prévu de prendre discrètement
une photo de bricolages au crochet que j'allais accrocher dans un arbre dans un passage très fréquenté. Alors un poisson pilote accroché à mes basques ne va pas me faciliter les choses.
Je décide de l'ignorer et recherche une branche qui conviendrait pour mon projet. Elle s'approche, sûrement pour qu'on se tape sur l'épaule ou se fasse des confidences, mais je lui tourne le dos
et sors l'appareil photo de ma poche. Là, elle est partie. Ouf, j'ai enfin pu sortir les cerises. Vous connaissez la suite.
Je n'ai rien contre les amies mais j'aime bien participer au choix ou à la rencontre. Attendre le même bus deux jours de suite, puis prendre le même chemin pour aller bosser, ça ne suffit
pas pour créer des liens. Enfin je trouve.